Demande d'emploi [Terminé]

Il n'y avait personne... Enfin aucune réponse et il trouvait cela un peu étrange. La personne à l'accueil aurait pu lui spécifier l'absence du directeur. A moins qu'il ne soit en train de voguer dans l'établissement. Ce qui est aussi dans ses fonctions en tant que directeur que de vérifier que tout se passait bien.
Afin de s'en assurer, il retourna à la banque et demanda à la jeune femme si elle savait à quelle heure Mr Peverell revenait. Gênée, elle s'excusa, ayant oublié sur le moment qu'il n'était pas présent sur le site. Syriel lui sourit, lui spécifiant que ce n'était pas grave et qu'il patienterait vu qu'il n'était pas excessivement tard.

Il y retourna et s'assit sur une des chaises. Dommage qu'il n'ait pas un magazine ou autre en attendant son retour mais cela importait peu. Il ne comptait pas non plus passer la soirée ici. Au pire il reviendrait le lendemain.
Assis, une de ses jambes croisée, il patienta une bonne demie heure lorsqu'il entendit des pas. Il se retourna et observa l'homme qui semblait bien occupé.

"Ce n'est rien, j'aurais dû appeler avant de venir."

Il entra dans l'humble bureau après l'avoir salué d'un signe de tête. Tout compte fait, il avait bien fait d'attendre. Il s'assit après l'invitation de l'homme, le remerciant. Il lui serra la main et à sa question, il lui sortit le journal avec l'offre d'emploi.

"Je suis ici afin de répondre à votre annonce sur ce journal. Je serais intéressé pour enseigner. Je vous ai apporté mon curriculum vitae ainsi qu'une lettre de motivation."

Il lui tendit les deux documents. La lettre de motivation était basique. Il précisait uniquement qu'après de bons et loyaux services à la police de la commune, il était intéressé par l'enseignement. Pour ce qui était du CV, on pouvait y observer les différents services auxquels il avait travaillé, ainsi que ses diplômes militaires. A l'époque, la police ne possédait pas d'école. C'était uniquement dans les établissements de l'armée que l'on pouvait être formé.

"Vu que je suis présent, n'hésitez pas à me poser des questions. Je serais ravi de pouvoir y répondre."

Syriel avait un visage des plus sérieux, une voix claire et peu forte. Il tentait uniquement de ne pas être trop stressé. Qu'on le veuille ou non, cet emploi lui tenait à coeur.

Il le laissa étudier les documents. Une fois que la lecture fut finie, il lui demanda si il pouvait les garder. Syriel opina derechef. Il en avait plusieurs exemplaires alors ça ne le gênait pas plus que ça. Mais lorsqu'il entendit les mots du directeur qui acceptait déjà qu'il occupe le poste, il resta limite bouche bée. Il essaya de se ressaisir et surtout de ne pas sourire comme un idiot qui sort de son trou. Bon évidemment, il allait commencer en période d'essai. Mais tant mieux, si il s'avérait que l'enseignement ne lui plaise pas, il pourrait toujours refuser le contrat à durée indéterminée.

"Je vous remercie pour votre amabilité."

Cet homme semblait vraiment toujours être aux quatre cent coups vu l'état du bureau et le mal qu'il eût à trouver un stylo. L'homme, lui, lu le formulaire. Et la question qui tinta dans sa tête ne fut pas surprenante. Il s'attendait à celle-là. Mais il n'avait pas trouvé de bonnes réponses pendant la demie heure d'attente.

"C'est exact, je n'ai aucun diplôme de pédagogie. Et je peux comprendre votre doute de pouvoir accepter ma candidature dans ces conditions. Cependant, j'aimerais pouvoir tenter ma chance. J'avais l'habitude de m'occuper des nouvelles recrues. Et je peux vous dire, que parfois j'avais l'impression de devoir leur ré apprendre à se comporter ne serait-ce qu'en adulte responsable."

Il regarda l'homme dans les yeux. Être honnête serait pour lui plus intéressant qu'inventer n'importe quoi et que son secret soit dévoilé et mis à mal.

"J'espère que vous pourrez me laisser cette chance."

Sacré bonne nouvelle ! Il acceptait le fait qu'il n'avait aucune connaissance en pédagogie et il lui laissait une chance. Et il l'attrapa au vol ! Il s'était démené pour avoir ce poste, pas question qu'il lui glisse des doigts. Il laissa échapper un sourire, assez fier d'avoir poussé la chance à lui.
Il entendit un bruit de bipper. Il se retourna vers le son en question puis il détourna le regard, trouvant son comportement un peu gênant. Ça ne lui regardait pas du tout. Il le vit l'arrêter mais ce fut après le portable qui sonna.

"Je vous en prie. Faites. Je vais m'occuper du dossier."

Le directeur sorti du bureau et Syriel prit la feuille. Même si il se doutait qu'il ne pouvait pas y avoir de plans foireux, il lu le document de long en large et commença à le remplir. Questions banales d'identité, copie d'une partie de son curriculum vitae, son numéro de sécurité sociale et un relevé d'identité bancaire. Que du basique. La seconde page n'était que les articles de référencement au droit du travail. Après avoir parcouru les lignes et chapitres, il y assigna sa signature et posa les documents sur le bureau. Il fouilla sa poche et retira son porte feuille. Il posa les documents nécessaires qu'il avait toujours sur lui sur la paperasse.

Dossier clos. Tout était normalement terminé. A part peut-être encore une discussion sur le thème des études, l'homme se doutait qu'il ne reviendrait pas ici avant son premier jour de travail.
Il attendit patiemment, assis, le retour de Monsieur Peverell.

Il entendit les pas revenir vers lui. Il ne se tourna pas et attendit son retour, s'asseyant à sa place de directeur. Il le trouvait plutôt jeune pour un tel poste. Il devait avoir de sacrés responsabilités même si il devait déléguer une partie de son travail à d'autres employés. Mais pour le peu qu'il avait pu apercevoir, les lieux étaient calme. Pas un seul élève semblait sécher. Pas un seul brouhaha venant d'une salle de cours. La réputation de cette académie valait bien tous les grands mots qui avaient été cités dans les magazines référencés.

Des questions ? Lorsque l'on obtient un nouveau poste, on en a toujours. C'est un peu comme une nouvelle petite amie : aucune ne se ressemble et à chaque fois c'est soit une bonne, ou une mauvaise surprise. Or, là, il avait touché le gros lot. Mais la méfiance est mère de sûreté (enfin si je ne me trompe pas dans l'expression).

"J'aimerais juste savoir quand est-ce que je commence. A quelle heure les cours commencent et si je pouvais disposer des programmes prévus ainsi que des classes que j'aurais en responsabilité."

Donc juste les bases. Rien de plus. Pour le reste, il se débrouillerait. Mais il avait besoin de tous les contenus pour les étudier et les préparer.

Et le voilà rassuré. Le futur professeur récupéra tous les documents, effleurant quelques pages rapidement. Il pourra lire tranquillement toutes ces feuilles ce soir. Il avait l'impression d'être un bleu. Mais il fallait dire que c'était ça : nouveau dans le domaine de l'enseignement.

"Merci. Je lirais tout cela et je commencerais alors dès lundi."

Il rassembla tout en un tas et jeta un oeil rapide sur son maintenant supérieur. Il avait l'air fatigué. Mais c'était peut-être un faux jugement. Il ne le connaissait pas et cela pouvait être possible que ça fasse parti de sa physionomie.
A sa question, il le regarda un peu plus franchement, oubliant ses pensées. Un café ? Pourquoi pas.

"J'accepte avec plaisir. Cela me permettra de voir un peu les lieux."

Il se leva de son siège et mis la paperasse sous son bras gauche. Ils pourraient faire un peu connaissance. Pour le moment, mis à part lui et la secrétaire, il n'avait pas croisé grand monde. De plus, l'académie était immense de l'extérieur, il ne doutait donc point que l'intérieur l'était tout autant.

"Vous semblez débordé. L'Académie doit vous prendre énormément de temps."

Une question innocente, juste pour lancer un semblant de conversation. Il n'appréciait pas les grands bavards, mais il n'aimait pas non plus le silence. Puis c'était l'occasion de papoter, de se détendre maintenant que le plus gros du travail était fait. Un soulagement qu'il n'espérait pas bref.

Syriel passa devant l'homme et le laissa ferma la porte de son bureau. Evidemment, il attendit qu'il lui montre le chemin. Il saurait sans soucis retourner à l'accueil pour sortir d'ici mais pour ce qui était du reste... Pendant le trajet, Peverell répondit à sa question. Alors comme ça ce n'était pas l'administration de ce site qui lui prenait tant de temps mais autre chose. Il devait sûrement continuer à travailler pour la police du Nevada. Comment arrivait-il à travailler sur les deux domaines ? Il avait bien lu tout à l'heure une certaine fatigue. Il ne s'était pas trompé.

Ils arrivèrent à une salle, assez spacieuse. Sûrement la salle des professeurs vu les différents bureaux qui y séjournaient. Aux côtés du directeur, il farfouilla de sa main libre la poche de sa veste pour en sortir son porte feuille mais Noah avait été plus rapide et commanda les cappuccinos.

"Merci. Ca m'ira très bien."

Vu l'heure, il préféra. Il pourra au moins dormir sur ses deux oreilles ce soir. Son compagnon de salle se dirigea vers la photocopieuse. Quant à Syriel, il attendit quelques secondes et il prit le premier gobelet et il le tendit à l'homme.

"Je ne sais pas comment vous réussissiez à tenir en faisant ces deux boulots. Je me demande même si je dois vous envier."

Quitte à discuter poliment, ça ne l'obligeait pas non plus à parler tout le temps de façon trop neutre. Il aurait au moins un aperçu du caractère de cet homme. Allaient-ils bien s'entendre professionnellement ? Soit ça marcherait comme sur des roulettes ou alors ce sera la guerre. Mais il était assez évident que pour garder son poste, il valait mieux qu'il reste tête basse.
Il récupéra le seconde verre et y trempa ses lèvres. Il rejoignit son interlocuteur, adossé au mur près de la machine.

"J'ai préféré faire un choix. J'ai préféré être égoïste."

Avec les deux boulots, il risquait bien de ne pas être dans le besoin. Cependant, si la fatigue vous épuise au point qu'un jour vous n'arrivez plus à concilier les deux, vous devenez une vraie mollasse. La santé compte. Enfin, Syriel pourrait bien faire la morale à ce sujet mais vu qu'il n'était pas mieux non plus question de repos, il préféra se taire.

Il fut quelque peu surpris par le panier ! La poubelle était pourtant loin et il avait réussi à viser juste. Ce mec devait être doué au tir. Il n'en doutait pas vu la précision précédente. Mais le sujet n'en était pas là. Puis il avait abandonné le terrain. C'est ce qu'il avait décidé. Et vu la question de Noah pour préciser ses propos, il lui sourit et termina son breuvage. Par contre, lui, il jeta tout simplement le verre en plastique dans la poubelle à côté de lui.

"C'est top secret."

Son sourire diminua un peu et il fixa les feuilles qui s'entassaient sur la photocopieuse.

"Disons que je parlais à moi-même. Ne vous en faites pas, cela m'arrive qu'en petit comité."

Par choix égoïste, il voulait tout simplement expliquer qu'il avait préféré trouver une autre voie plutôt que celle de continuer son travail au commissariat où il avait été assigné. Il avait choisi de démissionner plutôt que de continuer à protéger des vies civiles. Un choix qui avait été peu difficile vu les circonstances atténuantes.

Le directeur terminait ses photocopies et il lui souhaita la bienvenue dans l'établissement. Syriel lui sourit en réponse et serra sa main. Vu comme cet entretien s'était passé, il n'y avait pas de raisons quelconques pour que sa relation avec lui se passe mal. Bien au contraire. Il avait l'air d'être ouvert d'esprit et prêt à aider. Il n'avait pas à s'en faire.

"Merci à vous de bien vouloir me faire confiance."

Il voulait le remercier une nouvelle fois pour le coup de main en cas de besoin mais Noah hésita quelques secondes. Relevant un sourcil, un peu dubitatif, le futur professeur se demanda ce qu'il avait. Alors comme ça il n'était pas souvent à son bureau ? C'était assez compréhensif si il avait deux fonctions. Il l'observa durant les quelques secondes où il écrivit un numéro de téléphone sur un post-it puis il le récupéra, le collant sur la première page de tous ces dossiers qu'il avait à lire avant lundi.

"J'espère que je n'aurais pas l'occasion de vous appeler. Ce ne sera qu'en cas d'urgence je pense."

L'homme semblait attendu et il s'excusa. Syriel lui fit un signe de tête pour lui signaler qu'il n'y avait pas de problèmes et il sortit de la salle des professeurs, le saluant également d'un signe de main. Il prit le chemin inverse et il arriva devant l'accueil. Il sourit à la jeune femme à l'accueil et lui souhaita une bonne journée.

Journée qui tout compte fait, était des plus radieuse. Satisfait, il profita du bon air pour faire quelques pas dans la cour et il se dirigea vers le parking où au loin, il entendit la voiture du directeur s'éloigner. Il s'approcha de sa petite berline et décida de rentrer. Se reposer un peu et enfin se mettre à la lecture de tous ces fichiers. Faire au moins en sorte que le premier jour se passe au mieux.